



PALE SLOPE OF THE HOUR
Kelsey Shwetz
March 18 - April 22, 2023
Though there is a rich history of narrative painting based in fiction, from the ancients to Delacroix, the sources for such work seem to have run dry over the last century. Faced with this situation, Kelsey Shwetz has nonetheless refused to disavow the effects made available by certain configurations of character, incident, mood, etc., choosing instead to turn these components of narrative, gem-like, to see what else their facets might betray, how they might be arranged and imagined in more dynamic relationships with their picturing.
Her method is elegant in its simplicity. For two years now, she has worked almost exclusively on canvases whose content is drawn from a myth of her own creation — I suppose it’s worth noting that she typically refers to it in conversation only as “the fable,” highlighting its aspect of lightly worn moral education and, in turn, the comic delight of its elaborate, inventive forms of punishment. The beats of its narrative are, I suppose, obvious enough, and retrieving them is a pleasure better left to each viewer. Instead, let’s briefly consider the way her paintings deal with this dense, allusive core, in order to illuminate one perspective which makes available the complex embroidery of Pale Slope of the Hour, the artist’s first solo presentation in Europe.
The thirteen works comprising this show can be placed into four general categories: an overture; one complete cycle, or as the artist prefers, “canto,” of the myth (6 paintings); one partial cycle (3); and a group of smaller, interstitial paintings (3). This is of course an inherently unstable ordering. Equally compelling relationships between works from different categories emerge as soon as any order is articulated; even within the complete cycle, the overall effect varies dramatically depending on the order in which one experiences each picture, ranging from deep sorrow to something like the grim happy ending of a fairytale. Still, the steady modulations of both motif and composition — the artist moves back and forth between multiple paintings at once, replacing and adding in a literal cycle which allows for resonances to emerge naturally — continually whisper at connections, subtleties that when seen demand reflection.
Instability and reflection: these are also key to her compositions here. The overture, Temptation, summarizes the former with appropriate efficiency. At the most basic level, the geometry of the composition, its perspective, is skewed with a sense of deadpan chic. The lines defining rug, floor, wall, and window decline to settle down into calm rectilinear space, preferring a more rhythmically pleasing zig-zag. (Her lively drawing practice continues to factor more heavily in the work.) Atop a cheerful, brushy rug in peach and lemon, a Philodendron Selloum grows from a terracotta pot and continues seamlessly into its place within the composition of a stained glass window showing, it seems, a scene from Eden. This strange transition is made all the stranger by foreshortening which renders the distance between pot and wall both impossible and harmonious, the room somehow enormous and claustrophobic.
The order of the gallery hang is only one route through these paintings, so we could move from Temptation to any we choose (all, finally, would connect). We might, for example, follow the shape of the stained glass to its compositional equivalent in Night, the window which reflects the artist — though we seem to see this scene from the perspective of someone in her position, she appears to be absent from the present of the painting: a kind of premonition—as she reaches toward what we’ll see, after a bit of looking, is a small glass fruit. This might lead us naturally to the large, cheerful landscape, Fruit to Glass, but it might just as easily turn our attention to Plants to Flesh, where a hazily rendered figure also appears out of darkness on the left edge of the frame. Or we could move to Dawn’s First Light and Revenge, elaborating a fuller picture of the interior in which these paintings occur.
The delight of this work, then, is in following the rhyme of an odd corrugated wall and a sketched in radiator, the slipperiness of windows and mirrors, the journey of a candle or coup glass. Still, for all of its welcome and indulgence, there’s a sense that it might be possible to find just the right perspective, a view from which its layers of story, motif, gesture, and composition would pop into perfect focus. Presumably at least one person has found this position, and now invites us along.
Phil Coldiron
© Courtesy of Kelsey Shwetz and Galerie Julien Cadet
© Credits photo: Thomas Marroni
S'il existe une riche histoire de la peinture narrative fondée sur la fiction, des Maîtres Anciens à Delacroix, les sources de ces œuvres semblent s'être taries au cours du siècle dernier. Face à cette situation, Kelsey Shwetz a néanmoins refusé de renier les effets rendus possibles par certaines configurations de personnages, d'incidents, d'humeurs, etc., choisissant plutôt de faire le tour des composantes de la narration, à la façon de pierres précieuses, pour voir ce que leurs facettes peuvent révéler, comment elles peuvent être organisées et imaginées dans des relations plus dynamiques avec leur représentation picturale.
Sa méthode est élégante dans sa simplicité. Depuis deux ans, elle travaille presque exclusivement sur des toiles dont le contenu est tiré d'un mythe de sa propre création - je suppose qu'il convient de noter qu'elle en réfère généralement comme "la fable", soulignant l’aspect d'éducation morale légèrement désuet ainsi que le plaisir comique de ses formes élaborées et inventives de punition. Les étapes de sa narration sont, je suppose, assez évidentes, et les retrouver est un plaisir qu'il vaut mieux laisser à chaque spectateur. Considérons plutôt brièvement la manière dont ses peintures traitent ce noyau dense et allusif, afin d'éclairer une perspective qui rend accessible la broderie complexe de Pale Slope of the Hour, la première présentation personnelle de l'artiste en Europe.
Les treize œuvres qui composent cette exposition peuvent être classées en quatre catégories générales : une ouverture, un cycle complet ou, comme le préfère l'artiste, une "strophe" du mythe (6 peintures), un cycle partiel (3) et un groupe de plus petites peintures interstitielles (3). Il s'agit bien sûr d'un ordre intrinsèquement instable. Des relations tout aussi convaincantes entre les œuvres de différentes catégories émergent dès que l'ordre est articulé ; même au sein du cycle complet, l'effet global varie considérablement en fonction de l'ordre dans lequel on découvre chaque tableau, allant d'une profonde tristesse à quelque chose qui ressemble au "happy ending" sinistre d'un conte de fées. Cependant, les modulations régulières du motif et de la composition - l'artiste va et vient entre plusieurs tableaux à la fois, remplaçant et ajoutant dans un cycle littéral qui permet aux résonances d'émerger naturellement - chuchotent continuellement des connexions, des subtilités qui, lorsqu'elles sont vues, exigent une réflexion.
L'instabilité et la réflexion sont également au cœur de ses compositions. L'ouverture, Temptation, résume cette première avec une efficacité appropriée. Au niveau le plus élémentaire, la géométrie de la composition, sa perspective, est faussée avec un sens du chic impassible. Les lignes définissant le tapis, le sol, le mur et la fenêtre refusent de s'installer dans un espace rectiligne calme, préférant un zig-zag plus agréable sur le plan rythmique. (Sa pratique vivante du dessin continue à jouer un rôle plus important dans le travail). Au-dessus d'un joyeux tapis brossé pêche et citron, un Philodendron Selloum pousse depuis un pot en terre cuite et prend place sans transition dans la composition d'un vitrail représentant, semble-t-il, une scène de l'Eden. Cette étrange transition est accentuée par la distance raccourcie entre le pot et le mur à la fois impossible et harmonieuse, rendant la pièce simultanément immense et étriquée
L'ordre d'accrochage de la galerie n'est qu'un itinéraire possible à travers ces peintures. Nous pourrions passer de Temptation à n'importe quel tableau de notre choix (tous en fait se connecteraient). Nous pourrions, par exemple, suivre la forme du vitrail jusqu'à son équivalent compositionnel dans Night, la fenêtre qui reflète l'artiste - bien que nous ayons l’impression de voir cette scène depuis sa position, l’artiste semble absente du présent de la peinture : une sorte de prémonition - alors qu'elle tend la main vers ce que nous comprenons être un petit fruit en verre. Cela pourrait nous conduire naturellement au grand paysage réjouissant Fruit to Glass, mais cela pourrait tout aussi bien attirer notre attention sur Plants to Flesh, où une figure floue apparaît dans l'obscurité sur le bord gauche du cadre. Nous pourrions également nous diriger vers Dawn's First Light et Revenge, pour dresser un tableau plus complet de l'intérieur dans lequel ces peintures sont réalisées.
La beauté de cette œuvre réside dans le cheminement entre la rime d'un étrange mur ondulé et d'un radiateur esquissé, le glissement des fenêtres et des miroirs, le voyage d'une bougie ou d'une coupe en verre. Pourtant, malgré l'accueil et l'indulgence que tout cela suscite, on a le sentiment qu'il serait possible de trouver la bonne perspective, une vue à partir de laquelle les couches d'histoire, de motifs, de gestes et de compositions seraient parfaitement mises en évidence. On peut supposer qu'au moins une personne a trouvé cette position et qu'elle nous invite à l'accompagner.
Phil Coldiron